La dépendance, un mal du siècle ?

Dans nos sociétés occidentales où la jeunesse et la performance tiennent une place importante, vieillir est perçu négativement et nourrit de nombreuses craintes. Les représentations du vieillissement s’organisent majoritairement autour des notions de perte et de déclin des capacités physiques et cognitives.

Par commodité, on s’est inventé des mots-valises pour décrire cette décrépitude : la dépendance et la perte d’autonomie. Comme tous les mots-valises, la dépendance et la perte d’autonomie ont deux défauts. Le premier c’est qu’ils sont fourre-tout, le second, c’est qu’on finit par ne plus savoir ce qu’il y a dedans. Les médias, les figures de référence de la profession, le public et même le législateur emploient l’un comme l’autre pour désigner un ensemble de phénomènes liés au vieillissement.

En 2019, l’autonomie revient en force puisque l’État travaille à l’élaboration d’une ambitieuse loi sur le grand âge et l’autonomie. Une loi qui doit, entre autres, définir comment financer la dépendance. Dans cette future loi comme dans les précédentes, dans nos esprits comme dans nos peurs, dépendance et perte d’autonomie ne sont jamais bien loin l’une de l’autre.

Je vous propose une approche plus approfondie du sujet, afin de vous aider à y voir plus clair sur la dépendance, la perte d’autonomie, ce que ces deux expressions signifient et pourquoi il ne faut pas en avoir si peur.

La définition de la dépendance et de la perte d’autonomie

La dépendance est l’impossibilité partielle ou totale pour une personne d’effectuer sans aide les activités de la vie, qu’elles soient physiques, psychiques ou sociales, et de s’adapter à son environnement.

La notion de dépendance renvoie à l’idée d’un besoin en soins de santé, mais aussi en assistance à la vie quotidienne. Il s’agit généralement d’un besoin de longue durée lié à une perte d’autonomie.

L’autonomie est la capacité d’un individu à se gouverner lui-même ; y compris à gérer sa dépendance. C’est une indépendance par rapport à une décision, et non pas par rapport à des moyens.

Elle est à opposer à l’hétéronomie dans laquelle une autre personne gère ce qui arrive, sans en référer aux besoins et désirs de la personne concernée.

L’autonomie, ce n’est pas l’absence de dépendances

La dépendance et l’autonomie sont à distinguer. Une personne âgée peut avoir besoin de l’aide d’un tiers pour les tâches de la vie quotidienne tout en restant en mesure de décider de la manière dont elle veut vivre ou encore de la façon de dépenser son argent.

Selon le sociologue Bernard Ennuyer, il y a « un réel manque de consensus sur cette définition actuelle de la dépendance, réduite par le paradigme médical à n’être qu’un état d’incapacité. ».

On peut essayer de trouver des passerelles entre les deux notions pour expliquer que l’une appelle l’autre. Dans les faits, à l’exclusion notable des maladies neuro-dégénératives de type Alzheimer qui entraînent à la fois perte d’autonomie (dans les phases précoces) et dépendance (dans les phases aggravées), il est possible d’être dépendant et autonome mais aussi d’être en perte d’autonomie sans être dépendant !

La loi et l’esprit