Les seniors et la solitude
Aujourd’hui en France, une personne de soixante ans sur quatre déclare souffrir de solitude. 3,2 millions de seniors courent même un risque d’isolement relationnel. Ils peuvent passer plusieurs journées entières sans parler à personne. Une récente étude réalisée par les Petits Frères des Pauvres permet d’en savoir plus sur ce problème sociétal. Découvrez les chiffres clés de cette étude dans notre infographie inédite.
Chaque année, à l’occasion de la journée internationale des seniors (le 1er octobre), l’association Les Petits Frères des Pauvres publie une étude qualitative réalisée par téléphone auprès d’un panel représentatif de seniors âgés de 60 ans et plus.
Cette étude porte sur le ressenti des seniors vis-à-vis de la solitude. Lancée il y a trois ans, l’étude des Petits Frères des Pauvres se concentre chaque année sur une thématique. Après le numérique en 2018, c’est à présent l’angle territorial qui a été passé au crible. L’objectif étant d’identifier des facteurs territoriaux dans la solitude ressentie mais aussi de mieux comprendre les disparités territoriales.
Souffre t-on plus de solitude en ville ou à la campagne ?
Contrairement à une idée reçue, il n’y a pas de disparité entre le ressenti d’un senior urbain et d’un senior rural. La solitude frappe autant dans les villes que dans les campagnes. Cependant, les faits générateurs sont différents. En ville, c’est le délitement des relations sociales qui est en cause. En milieu rural, les solidarités de voisinage sont beaucoup plus fortes mais les territoires subissent de plein fouet les effets de la désertification et du vieillissement de la population. Le rapport pointe plus spécifiquement le manque de professionnels de santé, de commerces de proximité et de transports en commun ainsi que les inégalités de couverture des réseaux web et télécom.
Disparités régionales
Le rapport des Petits Frères des Pauvres révèle d’importantes disparités régionales. Les personnes vivant en région Centre - Pays de Loire et en Bretagne souffrent plus de solitude que celles vivant en région Sud (ex-PACA). Les personnes habitant des petites agglomérations (2 000 à 20 000 habitants) ainsi que les résidents des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont particulièrement concernés.
Les résidents des petites villes et zones rurales sont victimes de la désertification qui touche ces territoires. Pour un éclairage sur ce problème, je vous invite à découvrir un passionnant reportage réalisé par FranceInfo à Villeneuve-sur-Lot.
C’est un même problème de désertification qui touche les personnes âgées habitant des quartiers prioritaires politique de la ville, auquel s’ajoute un problème de pauvreté. Le quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) est un dispositif qui a pour but de réduire la complexité du maillage des zones socialement défavorisées. Il y a près de 1 500 QPV aujourd’hui et environ 5 millions de citoyens y résident. Depuis les années 1990, la part de personnes âgées y croît significativement, dans une centaine de quartiers, plus d’un quart des habitants a plus de 60 ans. Ce phénomène de vieillissement questionne les politiques de la ville principalement et historiquement centrées sur les jeunes.
Quels sont les facteurs aggravants ?
Quatre facteurs socio-économiques ont une incidence sur le ressenti. On souffre plus de solitude quand on est une femme, quand on a plus de 85 ans, quand on a des revenus modestes et quand on vit seul.
Evidemment, la situation est encore plus difficile pour les personnes qui cumulent ces facteurs que l’on retrouve notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville susmentionnés.
Comment lutter contre la solitude des seniors ?
Selon Jean-Louis Watty, délégué général adjoint de l’association Les Petits Frères des Pauvres, il faut travailler sur les solidarités de proximité. En effet, la réponse aux situations constatées est d’abord locale. C’est pourquoi les recommandations formulées en conclusion du rapport pointent avant tout les solidarités et enjeux locaux.
L’association présente quinze préconisations réunies en cinq champs d’action :
Mieux observer l’isolement des aînés sur le territoire.
Construire des actions au plus près des territoires.
Sensibiliser le grand public et encourager la citoyenneté.
Promouvoir des solutions d’habitat adaptées aux territoires.
Favoriser le quotidien des aînés sur tout le territoire